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dimanche 22 juillet 2012

La chanteuse Marion Corrales lève son masque

Autoportrait mardi 19 juin au bar Bonne Nouvelle (Paris 10e)

La chanteuse Marion Corrales s'est construit un personnage qui avance masqué. Elle se questionne sur son parcours, sur l'évolution de ses prestations scéniques mais elle continue son chemin avec énormément de détermination. La chanteuse masquée parle de son épopée musicale.

A l'âge de 3 ans, Marion Corrales était déjà une femme active avec son statut de top model pour Kenzo (entre autres !). "Quand on est une petite rousse avec des tâches de rousseur, on a la côte en tant que "baby model"" se souvient Marion. A 16 ans, l'histoire est moins rose, la jeune fille déchante en comprenant le peu d'épanouissement que lui procurerait ce métier. En parallèle, Marion tourne dans un film, fait beaucoup de théâtre et va au Conservatoire pour perfectionner son jeu.

"The American way of life"
Après sa licence de philosophie et de théâtre à la Sorbonne, Marion Corrales se met à la recherche d'une formation mélangeant la philosophie, le théâtre et la musique. Elle intègre alors la "Tish School of the Arts", l'Université de New York fréquentée pendant un temps par Lady Gaga. La jeune française partie aux Etats-Unis pour étudier la carrière de David Lynch se remémore la méthode d'enseignement de cette école pluridisciplinaire: "En plein milieu d'un cours de philosophie très approfondi, un professeur peut tout à coup pousser toutes les tables, faire venir des artistes" et ainsi bouleverser l'ordre des choses. "Cette méthode ouvre complètement l'esprit". "Là-bas, tout est accessible, les Américains s'étonnent quand tu n'as pas rencontré David Lynch, du coup j'ai assisté à une visioconférence avec lui, on peut aussi prendre l'ascenseur avec Woopie Goldberg". Repérée par un producteur, Marion Corrales a même joué dans MacBeth sur les planches de Broadway. LE rêve américain…
Pour Marion, c'est indéniable cette méthode développe la créativité, "j'écrivais tout le temps, les frontières entre tous les arts sont cassées, on peut danser, jouer et chanter en même temps". De l'autre côté de l'Atlantique, Marion entretient sa passion pour la musique à Bleecker Street, "regarder ces concerts m'a donné envie de me remettre à écrire des chansons et de chanter".

C'est à ce moment là que j'ai rencontré Rena Mireka, "une des actrices de Grotowski qui était un véritable gourou pour moi, du coup à la fin de mon Master à New York je l'ai suivie en Italie et j'ai écrit mon mémoire de fin d'études sur son travail parathéâtral". Marion intègre alors une troupe de recherche où le théâtre se mélange à la musique.
 

De Solidays à la première partie de King Charles
Deux jours après son retour en France, Pierre, un ami de la fac de philosophie pense à elle pour former un trio de reprises de jazz avec Alexandre Bellando. Rapidement Marion souhaite écrire ses propres chansons dans un autre genre musical. Elle forme alors un duo avec Alexandre. "Le guitariste qui évolue dans d’autres groupes possède son propre univers aux influences jazz latin qu’il ne laisse pas parasiter par l’extérieur mais au final nous avons les mêmes envies musicales."

En 2009, le groupe monte sur la scène du festival Solidays et n’ayant aucun EP ou autre support physique à laisser au public, Marion a l’idée de réaliser un clip de sa chanson Gun and Mustache pour laisser une trace dans l’esprit des auditeurs. Inconsciemment, la jeune chanteuse commence à comprendre le fonctionnement et les ficelles du métier.
Sans doute grâce à la visibilité que leur a donné le festival, le duo trouve par la suite un tourneur  français qui souhaite roder le groupe en le mettant en avant dans des premières parties.

Dernièrement, Marion a fait les premières parties de King Charles à la Maroquinerie, Ludovico Einaudi (pianiste des films Black Swan et d'Intouchables) au Casino de Paris où elle étale son panel de chansons en Anglais, en Français, pop, rock, blues : "En fonction des spectacles on change le "set,"  on s’adapte au style de la première partie, c’est du spectacle vivant qui n’est pas encore fixe. Le challenge c’est que tout est encore possible. Quand des chansons sont gravées sur un disque, il est plus difficile de sortir de cet univers."


"Sur scène, il faut maitriser la prise de risque car c’est un siège éjectable"
Sur scène, Marion et Alexandre présentent un show où les musiques sont éclectiques mais soudées par l’univers guitare, voix. La chanson Françoise transporte le public dans l’univers de Brigitte Bardot, One est plus glaciale et Gun and Mustache apporte sa touche de blues. Cependant, cet éclectisme est difficile à réunir sur un album et Marion a bien conscience de cet obstacle. "Pour l’album, je vais être obligée de faire un choix musical, moi même quand j’écoute un disque j’aime retrouver un même univers. Le dernier album de  la chanteuse Camille serait un bon compromis, elle mélange la langue anglaise et française mais la ligne directrice s’effectue au niveau du son, elle utilise plus ou moins les mêmes instruments." D’ailleurs, Marion est admirative de Camille qu’elle a vu sur scène et ne tarit pas d’éloges sur son blog. "Elle est très différente de ma façon de fonctionner car, sur scène, elle garde beaucoup de distance avec son public en s’adressant très peu à lui et pourtant je suis quand même rentrée dans son monde en prenant beaucoup de plaisir. Cependant ce n’est pas ma façon d’appréhender la scène. Par exemple, au Casino de Paris, le ton était très solennel, le show était préparé minutieusement tandis qu’à la Maroquinerie le spectacle était plus spontané on a embarqué le public dans notre bateau, les sensations sont très différentes."

"La recherche du juste milieu est très intéressante car il est impossible de faire deux fois le même concert, quand un élément a fonctionné, on se dit qu’il faudra absolument le refaire mais ça ne fonctionnera jamais une deuxième fois. Par contre à chaque fois, il faut recréer une alchimie », un acte souvent complexe et parfois inné chez les artistes !
Par ailleurs, il est difficile de plaire à tout le monde, « King Charles m’a dit qu’il adore quand je parle des heures entre les chansons, un fait qui agace d’autres personnes ». « J’ai regardé le concert de Brassens à Bobino, il ne décroche pas un mot et pourtant il y a beaucoup de proximité avec le public ». « Mais en général, je n’aime pas régler mon show à la virgule près, mais le groupe possède-t-il à ce jour assez d'expérience pour pouvoir éviter ce réglage comme du papier à musique ? Finalement, les meilleurs improvisateurs préparent tout musicalement parlant à l’exemple de King Charles ou d’Adèle. »

La femme masquée fin prête à se démasquer
Même si Marion pense toujours être en phase de construction de sa personnalité scénique, celle-ci est bien avancée. En effet, sur scène elle apparaît masquée d’un bandeau de paillettes. La voyageuse a rapporté ce « costume » d’un voyage en Equateur où elle est partie aider un médecin chamane à effectuer des accouchements dans un hôpital. Ce médecin l’emmène assister à une cérémonie religieuse animiste où des Indiens masqués se connectent avec les esprits. « Pour moi, l’espace scénique est un espace sacré où tu peux te connecter avec les gens via un triangle (ndl : triangle que l’on retrouve sur le site Internet de Marion), au final cela montre que ce n’est pas vraiment "toi" qui compte dans l’art", "l'artiste est le médiateur entre le public et l’œuvre qui le traverse".

Au final, la chanteuse de par son expérience, ne ressent plus le besoin de porter ce masque à chaque prestation. "Il constitue une protection face au public à qui je délivre mes histoires".

La communauté Marion Corrales
Mais actuellement, l’objectif est de créer une communauté de fans autour de Marion Corrales tout en gardant l’image énigmatique qu’implique le statut de l’artiste : "Parfois c’est décourageant d’avoir seulement 15 personnes qui s’abonnent à ta page Facebook le lendemain d’un concert. Cependant, je préfère avoir un petit groupe de fans mais des gens qui rentrent complètement dans mon univers à l’exemple de ceux qui m’envoient des poèmes ou me proposent de l’argent pour financer un potentiel album."

"Quand j’ai commencé sérieusement ma carrière musicale en 2009, je me suis donnée 2 ans pour ça fonctionne, mais plus tu rentres dans cet univers, plus il est difficile de s’arrêter. Il m’arrive de me lever le matin en me demandant si je pourrais toujours faire de la musique. Ma nouvelle technique, c’est de me dire que c'est le moment présent qui compte, et justement en ce moment je suis en train de réaliser mon rêve en chantant pour les gens »; et on lui souhaite que ce rêve dure longtemps.


Marion Corrales - Sleepless lover

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